La création de l’UNSA-ICNA a bousculé le paysage syndical et inévitablement donné lieu à de nombreuses interprétations simplistes. Pour le SNCTA une simple question d’égo, de conflits de personnalités, a motivé sa création. Pour la CGT, l’UNSA n’est que l’héritier du syndicat majoritaire, dont il reproduit la politique.
La vulgarisation binaire est monnaie courante en politique, toujours bien plus rapide, plus facile à exposer qu’une réalité complexe, et les rumeurs ont malheureusement la vie dure.
Pourtant, si l’on veut bien s’y pencher sans à priori, l’UNSA-ICNA défend une ligne unique. Une ligne qui n’est ni dans le libéralisme avide et imprudent des uns, ni dans l’immobilisme égalitariste des autres. Un syndicat combatif mais raisonnable, réformiste mais prudent, au service des ICNA.
La lettre ouverte envoyée aux ICNA en septembre 2009 témoigne de cette ligne nouvelle et nécessaire, que nous avons toujours défendue.
Comment résumer en quelques lignes la position et les priorités de l’UNSA-ICNA ?
Tout part d’un niveau suffisant de recrutements. Sécurité, conditions de travail, efficacité, droits à congés, mobilité…le sous-effectif dégrade inévitablement la qualité de service et le quotidien des ICNA. C’est pourquoi, pour travailler à construire un avenir serein il faut garantir un recrutement cohérent.
C’est une position qui peut sembler de bon sens mais tous les syndicats n’ont pas toujours partagé cette conclusion, ont parfois promis la lune, ont parfois signé des protocoles actant des baisses drastiques d’ICNA. Contexte économique ou politique ? opportunisme financier ? Manque de combativité ? Une chose est sûre, rien ne détournera l’UNSA-ICNA de la première de ses revendications : pour une situation saine, il faut des recrutements élevés.
L’UNSA-ICNA a en effet choisi de privilégier le confort de vie à la surenchère salariale. En faisant respecter nos piliers fondamentaux, la sécurité est renforcée, les ICNA disposent d’un cadre de vie au travail plus agréable, la fatigue est limitée, les salles sont plus sereines...
Nous sommes convaincus que le 1j/2 sur le cycle, le travail en équipe, les droits à congés garantis sont des biens inaliénables, pour lesquels il est nécessaire de se battre.
Cependant, « flexibilité » n’est pas un gros mot, et l’UNSA-ICNA n’exclut pas de réfléchir à des pistes de travail innovantes, ou temporaires. Mais cela ne se fera jamais en remplacement d’un recrutement cohérent, ou en menaçant nos piliers organisationnels. Nous ne sommes pas « contre tout », mais nous nous opposons fermement à la vision court termiste de la flexibilité rémunérée.
Certains acquis n’ont pas de prix.
L’UNSA-ICNA est très attaché à son statut d’ingénieur. Notre modèle unique dans lequel les ICNA font valoir leur expertise à tous les niveaux a permis à la DGAC d’afficher des performances record en Europe. Nous sommes bien plus que des opérateurs de contrôle, des « ATCO », et nous le défendrons. Si certains voudraient entretenir la « haine de soi » chez les ICNA, nous revendiquons de nous ancrer dans le haut de la fonction publique de l’état.
Nous travaillons ainsi depuis des années à consolider la force de notre modèle en privilégiant une formation de haut niveau et en permettant des déroulements de carrière plus fluides (accès au HEA facilité, PPCR…). D’autres reconnaissances sont encore à garantir comme l’ouverture sur le HEB, les fonctions ECL et ECP déclenchantes etc. et l’UNSA-ICNA poursuit son travail.
La mobilité est un sujet trop sérieux pour les ICNA pour qu’on le laisse de côté. Parfois considéré comme le talon d’Achille de notre profession, pour qui une première affectation déplaisante peut avoir de longues et difficiles conséquences sur le projet de vie.
Si l’effectif est bien sûr une source principale, les critères actuels de mutation tels qu’ils sont appliqués et défendus par le SNCTA sont un facteur aggravant.
C’est pour mettre un terme ou du moins atténuer cette injuste et persistante gérontocratie que l’UNSA-ICNA veut intégrer l’ancienneté centre dans les critères de mobilité. Permettant ainsi de corriger certains déséquilibres tout en améliorant la fidélisation dans les centres. A la différence de l’USAC CGT qui veut décider sur ce seul paramètre, nous revendiquons_entre autres_une prise en compte équilibrée, sans excès de l’ancienneté centre.
L’une des spécificités de la carrière ICNA est sa carrière plus courte et la part importante des primes dans son traitement. Ceci a un impact considérable dans le calcul du taux de remplacement (qui ne prend pas en compte les primes) trop faible en comparaison avec les autres métiers de la fonction publique. Les cotisations sur l’ATC permettent de lisser la chute sur les premières années.
L’UNSA-ICNA a obtenu certaines améliorations avec la revalorisation de l’ATC et la création du Complément Individuel Temporaire. Mais ce combat fondamental doit être poursuivi, par la revalorisation statutaire d’une part, mais surtout en cherchant à améliorer la pension elle-même.
Nous revendiquons une amélioration du taux de remplacement hors ATC à 50% minimum et la possibilité de partir à taux plein et sans décote dès 55 ans.
Pour l’UNSA-ICNA, la défense de notre corps est une mission collective, notre force vient de notre unité et nos divisions nous affaiblissent. C’est pourquoi nous jugeons essentiel de privilégier la cohésion au sein du corps, plutôt que la reconnaissance de particularismes locaux. L’administration sait créer et utiliser ces divisions en intensifiant la polarisation entre CRNA et Approches, Nord et Sud, PC en salle et hors salle… Certains syndicats relaient cette stratégie de division et font même le choix de revendiquer les différences.
Nous ne percevons pas la lutte syndicale comme un combat individuel, mais comme la recherche d’un intérêt commun. Nous cherchons à limiter autant que possible les différences au sein du corps, à rassembler les agents autour de ce qui les unit plutôt que de cultiver ce qui les sépare.
L’union fait la force, nous aspirons à une grande force pour le corps.
Notre ligne n’a pas changé depuis notre création et notre profession de foi, l’UNSA-ICNA veut être la voie de l’équilibre, un syndicat combatif ET réformiste.
Un syndicat combatif car l’exemple du syndicat majoritaire « qui n’est pas à priori CONTRE » a bien montré que la médecine douce ou que leur génie stratégique reste limité. Il faut savoir être un syndicat fort et montrer sa détermination. Certains chapitres de notre histoire prouvent qu’on ne peut rien imposer à des ICNA motivés (SES2+), d’autres rappellent au contraire que faire preuve de trop de complaisance est une faiblesse rapidement exploitée (RP2, Réserves Opérationnelles...).
Un syndicat réformiste car le principal syndicat confédéré s’englue dans la position inverse. Nous ne pouvons pas être « contre tout », position de défense parfois nécessaire mais dont la tendance excessive devient stérile. Il faut pouvoir être force de proposition pour apporter du progrès social aux personnels. L’UNSA-ICNA a largement prouvé qu’elle savait avoir des propositions cohérentes et réalistes (refonte du système indemnitaire et ISSCA, AMI, expés, mobilité…) et poursuivra le travail dans cette voie.
Un syndicat honnête et réaliste. Refusant de tomber dans la surenchère électoraliste par la multiplication de promesses irréalistes tous azimuts, nous visons le long terme pour les ICNA. Nos engagements sont simples mais clairs, et nous nous y tenons.
Un syndicat enfin qui veut défendre sa profession, qui veut défendre TOUS les ICNA. Pour nous le syndicalisme n’est pas un service après-vente, mais un organe de défense commun. Nous voulons être les représentants des personnels et pas seulement de NOS adhérents. En cela nous nous démarquons encore du syndicat majoritaire qui a transformé le syndicalisme en produit de consommation et joue sur l’individualisme et le clientélisme ; mais aussi des syndicats confédérés dont l’ambition pour les ICNA est trop souvent diluée dans les préoccupations des autres corps, parfois à l’extrême.
Nous défendons le corps ICNA, sans clientélisme ni honte de soi. Notre priorité est la protection du corps dans son ensemble. Innovateurs sans naïveté, nous savons proposer des solutions et nous opposer fermement aux projets nocifs. Aux préoccupations court-terme électoralistes et individualistes, nous préférons la justesse lucide d’une vision long terme. Expérimentés et mesurés, nous avons souvent vu plus loin que l’apparente innocence des choses et toujours alerté les ICNA sur les menaces à venir.
N’en déplaise à certains qui voudraient s’attribuer toutes les victoires ou réécrire l’histoire, nos actions concrètes et vérifiables ont été déterminantes dans la création et la défense des acquis sociaux que nous connaissons aujourd’hui.
UNSA-ICNA - septembre 2009
La profession de foi de l'UNSA ICNA